Le colloque

Près de trente ans après la parution de l’ouvrage séminal de Nina Auerbach Our Vampires, Ourselves, il a paru opportun de saisir l’occasion des 150 ans de Carmilla de J. S. Le Fanu pour faire l’état des lieux des fictions vampiriques mobilisant la figure du féminin...

Ce colloque international aura lieu les 6 et 7 octobre 2022 à la MSHA de Bordeaux Montaigne. Vous trouverez sur ce site les informations pratiques et le programme complet de l'événement.

Diffusion en ligne en direct

Ce colloque hybride aura un versant physique, bien entendu, mais sera également diffusé en ligne sur la chaîne Youtube de l'unversité Bordeaux Montaigne (grâce à son excellent service audiovisuel) : https://www.youtube.com/user/Bordeaux3TV/featured

Les interventions seront par ailleurs enregistrées et rendues disponibles à une date ultérieure, une fois le montage réalisé.

Conférenciers invités

Gaïd GirardGaïd Girard est Professeure émérite à l'UBO (Brest). Elle est spécialiste de littérature fantastique (spécifiquement de l’auteur irlandais Sheridan Le Fanu sur lequel elle a publié une monographie chez Champion) et d'arts visuels. Elle est l'auteure de nombreuses contributions sur le cinéma (Kubrick, Roeg, Epstein, Marker). Elle s'est intéressée ces dernières années plus particulièrement au cinéma de science-fiction ainsi qu’à des auteurs comme William Gibson et Marge Piercy. Elle fait partie du groupe de recherche brestois sur le post-humain.

 

 Kim Newman Kim Newman est un auteur et critique de cinéma anglais.  Il a tout d'abord été journaliste dans divers magazines avant de se tourner vers l'écriture, domaine où il a déjà été plusieurs fois récompensé par des prix littéraires, notamment pour Anno Dracula (1992). Il est également un critique reconnu du cinéma d'horreur, contribuant notamment au mensuel "Empire"

 

Partenaires et sponsors

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Argumentaire

Près de trente ans après la parution de l’ouvrage séminal de Nina Auerbach Our Vampires, Ourselves, il a paru opportun de saisir l’occasion des 150 ans de Carmilla de J. S. Le Fanu pour faire l’état des lieux des fictions vampiriques mobilisant la figure du féminin. Malgré quelques pages consacrées à Carmilla et aux vampires queers – dans The Vampire Book de Gordon J. Melton, 1999, Le miroir obscur. Histoire du cinéma des vampires, de Stéphane du Mesnildot, 2013, ou le catalogue de l’exposition Vampires de la Cinémathèque Française en 2019 – la figure de Dracula et des vampires masculins domine la littérature historique et critique. Pourtant, contrairement à une idée reçue, les vampires féminins sont très nombreux en littérature, au cinéma, dans les séries télévisées, en bande dessinée, et dérangent la majesté du comte vampire, attestant peut-être de son « obsolescence » (selon la formule de Robin Wood). Plusieurs fois adapté au cinéma, le texte de Le Fanu continue de poser de nombreuses questions aux lectrices et aux lecteurs d’aujourd’hui, sensibles aux enjeux LGBTQI+ et aux remous de la vague #MeToo. La figure historique de la comtesse Bathory, femme de pouvoir qui inspira déjà Bram Stoker dans "Dracula’s Gues"t (chapitre initial, supprimé, de Dracula), hante elle aussi les mémoires littéraires et cinéphile et appelle encore d’autres questions. La femme-vampire traverse les milieux : du cinéma d’auteur le plus confidentiel (Les lèvres rouges, Harry Kümel, 1971 ; Leonor, Juan Luis Bunuel, 1975) aux blockbusters (la franchise Underworld) en passant par les classiques européens (la Hammer, Roger Vadim) ou hollywoodiens (Near Dark, Kathryn Bigelow, 1987). Dans un article récent sur masculin et féminin dans le film de vampires, Claude-Georges Guilbert – qui fait remarquer l’abondance d’autrices dans la littérature vampirique – pensait voir dans le vampire féminin « l’avenir » du genre. Ce colloque lui donnera-t-il raison ?

Le comité d’organisation examinera toutes les propositions portant sur les vampires féminins en littérature, au cinéma, en bandes dessinées, avec une attention particulière à celles qui s’inscriront dans les axes suivants :


¤ La figure du vampire féminin, entre exploitation et empowerment. Dès Carmilla, sans doute, les vampires féminins remplissent deux fonctions apparemment contradictoires. Ces vampires sont souvent jeunes, érotisées avec complaisance, et servent de promesse à toutes les déviances. Dans le même temps, placées au centre des récits, agissantes et décisives, elles constituent des personnages autonomes, admirés, souvent adulées par un fandom dévoué (de la Vampirella des comics Warren à la Lady Dimitrescu du jeu vidéo Resident Evil Village). Comment créateurs et publics négocient-ils cette tension ? S’agit-il d’une lecture contre les textes ou d’une promesse des objets culturels eux-mêmes ?


¤ Figure singulière ou déclinaison sérielle. Dracurella et les multiples autres filles de Dracula soulignent que nombre de vampires féminins fonctionnent comme des déclinaisons d'une figure masculine dominante, comme un exemple de cette différenciation minimale du même propre aux industries culturelles. Ce sentiment de domination des déclinaisons sérielles sur les figures singulières est-il justifié ? mesurable ? La vampire peut-elle exister indépendamment de cette logique de déclinaison ?


¤ La vampire et la stabilité du genre (gender). Plus encore sans doute que le vampire, la vampire se manifeste sous le signe de l'ambiguïté sexuelle : très sexuée, régulièrement hyperféminisée, elle est pourtant celle qui ravit, qui pénètre, souvent avec violence. La romance lesbienne de Carmilla – tout comme la fascination ambiguë suscitée par la figure historique de la comtesse Élisabeth Báthory – offre là encore un prototype de cette déstabilisation des rôles genrés. Comment cette incertitude se manifeste-t-elle, dans les textes ou dans leur réception ? La vampire est-elle donc nécessairement queer ?


¤ Figure mondialisée, figures locales. Au fil du 20e siècle, les industries culturelles anglo-saxonnes ont largement colonisé l'imaginaire visuel du fantastique et de l'horreur. Comment la vampire s'inscrit-elle dans cette tension entre une culture mondialisée et des variations locales, empreintes de tradition ? Avec quelle histoire, quelles spécificités médiatiques ? Faut-il, en somme, comprendre la vampire comme une figure du glocal ?


¤ L'hypothèse Carmilla. La novella de Sheridan Le Fanu hante chacune des questions posées dans cet appel à textes. Nous invitons donc des propositions de communication examinant la place spécifique de Carmilla dans l'émergence et la diffusion de la figure de la vampire, au fil de la diffusion du texte original, mais aussi à mesure que s'est constitué un "réseau d'adaptation", au sens de Kate Newell. Est-il possible de cartographier les apparitions de la vampire dans la culture populaire et quelle serait la place de Carmilla dans ce territoire ?

¤ Approche figurale : l’imaginaire de la femme-vampire. Femme-vampire et figures connexes (harpies, sirènes, sphinges, femmes-animales): genèse et métamorphoses de la figure dans la tradition picturale depuis le XIXe siècle (Munch, Khnopff, Mossa, Philip Burne-Jones), circulation des formes. Déclinaison et typologie possible dans la littérature de John Keats (Lamia) et Rudyard Kipling (“A Fool There Was”) à Tanith Lee (Sabella or the Blood Stone, 1980), Anne Rice (Pandora, 1998) et Octavia E. Butler (Fledgling, 2005) – sans oublier Paul Féval (La Vampire, 1856).

 

Comité scientifique :

Mélanie Boissonneau (Paris 3 Sorbonne Nouvelle) – Marjolaine Boutet (Université de Picardie Jules Verne) – David Roche (Université Paul Valéry Montpellier 3) –– Yann Calvet (Université de Caen) – Matt Jones (De Montfort University, UK) –– Hélène Frazik (Université de Caen) – Jean-François Baillon (Université Bordeaux Montaigne) – Nicolas Labarre (Université Bordeaux Montaigne) - Dr Matt Melia (Kingston University London, UK)

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